Khnoum, le dieu à tête de bélier, régnait sur la région de la première cataracte d'où jaillissaient les eaux de l'inondation. En tant que véritable père des Hommes, il exerçait son art de potier sacré pour façonner les premiers êtres vivants. Gardien des sources du Nil, Khnoum était vénéré dans la haute vallée du Nil et associé à l'eau nourricière, commandant la crue.
Le potier divin utilisait le limon fertile du Nil pour modeler les corps humains, insufflant ensuite le "ka", l'âme. Son tour de potier, muni d'un mouvement rotatif, évoquait à la fois les cycles annuels, tels que les crues du Nil et les saisons, ainsi que les étapes de l'existence humaine, de la naissance à la renaissance. Le mouvement originel de son tour créait la vie.
Le nom de Khnoum, dérivé de "khnem" signifiant "construire", le désigne comme le Créateur, celui qui édifie l'univers matériel et en assure la permanence et la reproduction. Dieu bienveillant à tête de bélier, il était considéré comme l'un des meilleurs amis des hommes dans la mythologie égyptienne. Le symbole du bélier le définissait comme source de vie, communiquant son énergie inépuisable aux êtres et aux choses, animant l'humanité et l'ensemble du vivant en insufflant aux femmes l'énergie créatrice. Chaque naissance ou récolte attestait de sa prodigieuse virilité.
Khnoum a participé à la naissance du futur pharaon, engendré par un dieu qui a pris la place du roi. Symboliquement, il a ainsi aidé l'Égypte à se perpétuer et à se régénérer rituellement. Source de toute vie, Khnoum était associé tant au Soleil, élevant les récoltes, qu'à l'eau du Nil, la fertilisant.
Ses nombreux titres, tels que "démiurge", "gouverneur des deux terres", "porteur de lumière" et "gouverneur de la maison de vie", reflètent la diversité de ses attributions. Khnoum était également lié au corps féminin et à la caverne secrète tout en haut de la vallée du Nil, d'où jaillissait périodiquement l'inondation bienfaisante.
Sa légende le place dans la caverne de Hâpy, à Eléphantine, d'où surgit la crue quand Khnoum accepte de la laisser partir. Les représentations du dieu portant une croix ankh à la main et une jarre sur la tête soulignent son rôle majeur en tant que maître et grand dispensateur de l'inondation. Le culte de Khnoum revêt une importance cruciale dans l'Égypte antique, centrée sur le cycle régénérateur de la crue. Les prêtres de Khnoum, garants du bonheur de toute l'Égypte, avaient pour devoir de satisfaire un dieu dont la colère ou le mécontentement pouvait entraîner la famine, la ruine, voire la mort du peuple. C'est pourquoi le culte de ce dieu de vie a perduré jusqu'aux premiers temps du christianisme. Certains écrits des premiers temps de l'Église mentionnent son nom, et certaines sectes semi-chrétiennes affirment même que la figure grecque du diable aurait emprunté quelques traits symboliques à Khnoum, notamment ses cornes torsadées.
Sur le plan astrologique, chaque apparition dans le ciel de la constellation du Bélier marquait le début de la crue du Nil, obligeant les bergers à confiner le bétail dans des enclos en attendant la décrue.
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